Une relance économique économe en énergie en trois étapes
Nous pouvons construire une économie plus efficace sur le plan énergétique après la fin de la crise COVID-19. Les travaux peuvent commencer dès maintenant - les programmes existants sont prêts à être rapidement mis en œuvre - et les économies d'énergie représentent une voie à long terme pour une croissance durable- Ce blog présente un plan pratique et ambitieux en trois étapes pour faire de l’efficacité énergétique un élément central de la stratégie de relance économique du Canada
- Un cadre en trois étapes applique une perspective à la fois à court et à long terme à la récupération après la COVID-19
- Nous pouvons mieux reconstruire grâce à la formation, à l’élargissement des portefeuilles de programmes d’efficacité et aux stratégies d’investissement de la « banque verte ».
Il existe une dynamique importante pour que la reprise après la COVID-19 soit définie par la construction d’une économie plus propre et plus résistante. Pour savoir comment l’efficacité énergétique s’inscrit dans cette équation, consultez les parties un, deux et trois de notre série de blogs. Ce blog présente un plan pratique et ambitieux en trois étapes pour faire de l’efficacité énergétique un élément central de la stratégie de relance économique du Canada.
En avril, Efficacité Énergétique Canada a rejoint une coalition de dirigeants de l’industrie et d’organisations à but non lucratif, demandant au Premier ministre d’orienter les dépenses gouvernementales vers la construction d’une économie basée sur l’énergie propre.
Dans le cadre de cette initiative, Énergie Propre Canada a défini un cadre pour une reprise résiliente, en envisageant des mesures politiques spécifiques en trois étapes : secours, relance, reprise.
La phase de secours reconnaît la nécessité d’apporter un soutien immédiat aux citoyens et aux entreprises, tandis que les mesures d’éloignement physique nous aident à réduire la transmission du virus et à alléger la pression sur notre système de santé.
La phase de relance envisage des activités qui peuvent donner des résultats en 6 à 12 mois pour remettre les gens au travail. Le moyen le plus rapide d’y parvenir est d’utiliser les capacités administratives et les programmes politiques existants.
La phase de relance reconnaît la nécessité cruciale de reconstruire une économie plus durable sur le plan économique et environnemental à long terme.
Ce cadre nous aide à appliquer une perspective à la fois à court et à long terme aux activités de récupération, et à considérer les interactions entre les activités qui peuvent avoir lieu pendant l’éloignement physique et le redémarrage économique.
Relance : préparer, planifier, former.
Le secteur de l’efficacité énergétique perdra ses capacités si la période de chômage se prolonge. Pourtant, il est impératif de maintenir et d’accroître cette main-d’œuvre pour atteindre les objectifs en matière de changement climatique et de relance économique. Un moyen de maintenir et d’accroître les capacités consiste à aider les personnes sans emploi et sous-employées à acquérir de nouvelles compétences.
La formation en ligne peut avoir lieu tout en s’éloignant physiquement, complétée par un apprentissage sur place lorsqu’il est sûr. Le gouvernement fédéral peut apporter son soutien en subventionnant les frais de cours pour les particuliers et en soutenant les organisations qui s’efforcent de mettre en ligne les offres de cours existantes.
Les travailleurs dans les métiers spécialisés vieillissent, ce qui nécessite un afflux de nouveaux travailleurs pour éviter la menace d’une importante pénurie de main-d’œuvre. La nouvelle main-d’œuvre spécialisée devrait être très différente. Il convient de mettre l’accent sur la participation des femmes dans les métiers manuels, afin d’offrir des emplois mieux rémunérés et plus sûrs à ceux qui ont perdu leur emploi dans les secteurs du commerce de détail et des services.
Selon le Conseil du bâtiment durable du Canada, nous avons besoin de 500 millions de dollars pour le développement et la formation de la main-d’œuvre afin d’atteindre les objectifs de construction écologique à faible émission de carbone. Les fonds peuvent être versés aux organismes de formation, aux organismes professionnels et aux syndicats existants, par l’intermédiaire des relations avec Ressources naturelles Canada et Emploi et Développement social Canada.
L’augmentation de l’offre de services de formation doit être combinée à des programmes qui signalent une demande croissante de compétences en matière d’efficacité énergétique. Ainsi, la formation dans la phase de secours doit être associée à un engagement clair en faveur d’une reprise axée sur l’économie propre, et à la planification de l’extension de l’échelle et de la portée des activités d’efficacité pendant la phase de « stimulation ».
Stimulus : élargir les portefeuilles de programmes « dignes d’être lancés » et améliorer les bâtiments du secteur public.
Il existe dans chaque province et territoire une infrastructure de prestation de programmes d’efficacité énergétique qui peut apporter un soutien rapide, responsable et efficace aux Canadiens. Notre carte de pointage provinciale a montré que les budgets des programmes provinciaux ont totalisé 1,1 milliard de dollars en 2017, couvrant les marchés résidentiels, commerciaux, industriels et les marchés à faible revenu. Les programmes existants sont examinés par des tiers experts, des organismes de réglementation et des parties prenantes, et disposent de systèmes de suivi des performances et d’évaluation des programmes.
Comme expliqué dans ce blog, les provinces canadiennes ont la possibilité de rattraper les états américains leaders en matière d’économies d’énergie. Notre étude macroéconomique révèle que l’augmentation des économies des programmes à ces niveaux permettrait de créer 35 000 emplois la première année, de passer à 280 000 emplois annuels la huitième année et de fournir une augmentation annuelle moyenne du PIB de 43 milliards de dollars. Pour atteindre ces résultats, il faut un investissement immédiat de 2,2 milliards de dollars, ce qui correspond à un niveau d’investissement annuel moyen de 11,9 milliards de dollars. Il est possible d’élargir l’échelle et la portée des portefeuilles existants en utilisant des instruments fédéraux tels que le Fonds pour une économie sobre en carbone, le Fonds municipal vert et le Fonds d’incitation à l’action climatique.
Dans le cadre d’une approche de portefeuille qui permet la flexibilité et l’adaptation, le gouvernement fédéral peut mettre l’accent sur des critères de performance qui donnent la priorité à la stimulation économique et à la réduction des gaz à effet de serre. Y compris :
- Des améliorations énergétiques plus poussées pour créer plus d’emplois
- Réduire la pauvreté énergétique pour aider les plus démunis et augmenter les dépenses locales
- Faire progresser les codes de construction pour verrouiller les économies
- Promouvoir des solutions de chauffage sans carbone pour réduire les émissions
Le gouvernement fédéral peut également lancer des activités immédiates en modernisant les bâtiments fédéraux et les bâtiments du secteur public en général. Des programmes tels que l’écologisation des services gouvernementaux, qui utilisent des contrats de performance énergétique et fournissent des mesures et des responsabilités claires, devraient être intensifiés. Un rapport récent a indiqué que 30 % des bâtiments appartenant au gouvernement fédéral dans la région de la capitale nationale sont dans un état « critique » ou « médiocre », ce qui indique probablement la nécessité de moderniser d’autres bâtiments publics dans tout le pays. Un autre domaine important consiste à compléter le financement pour réaliser des économies plus importantes dans le domaine du logement abordable grâce à la stratégie nationale du logement.
Reprise : réaliser des missions d’économie d’énergie grâce à des investissements publics de type « banque verte ».
Une reprise durable ne sera possible que si nous rétablissons la confiance des investisseurs et améliorons les attentes des entreprises en leur donnant une orientation claire pour les futures possibilités de croissance. Un programme d’investissement permettra d’éviter les cycles de financement de type « boom-bust » et l’encombrement du secteur privé. Pour cela, les pouvoirs publics doivent montrer la voie en réalisant des économies d’échelle, en démontrant les possibilités économiques et en prenant les risques initiaux.
D’autres juridictions ont créé des « banques vertes » ou des « banques climatiques » qui stimulent de nouveaux marchés pour la rénovation des bâtiments. Ces banques créent des structures de marché de soutien, telles que des normes de souscription communes et des systèmes permettant de regrouper plusieurs projets dans des portefeuilles à grande échelle, tout en réalisant les investissements initiaux. La Banque canadienne pour l’infrastructure pourrait jouer ce rôle, mais son mandat doit être clairement modifié pour répondre aux besoins de financement et développer des institutions de marché pour les solutions énergétiques distribuées, comme la rénovation des bâtiments et l’énergie solaire.
Le mandat d’une « banque verte » fédérale ou d’une plateforme de financement de la rénovation des bâtiments devrait se concentrer sur les grands défis qui donneront une orientation claire aux investissements et à l’innovation dans les décennies à venir, notamment
- Décarboniser le secteur du bâtiment d’ici 2050, si ce n’est plus tôt
- Préparer chaque nouveau bâtiment à une consommation énergétique nette zéro d’ici 2030
- Faire en sorte que la productivité énergétique industrielle du Canada dépasse celle des États-Unis d’ici 2040
Le groupe d’experts sur le financement durable a identifié une possibilité de modernisation de 250 à 300 milliards de dollars. En supposant des taux de levier standard et un recyclage du capital, une capitalisation initiale d’au moins 11 milliards de dollars pourrait déclencher ce marché. Un investissement important est nécessaire pour démontrer que l’amélioration de notre parc immobilier sera un domaine majeur pour de nouveaux investissements dans l’économie post-COVID.
Reconstruire en créant une économie efficace sur le plan énergétique
Il est important de noter que chacune de ces priorités politiques suggérées s’appuie sur les autres.
Une main-d’œuvre formée se préparera à une relance efficace et doit se poursuivre lorsque les investissements augmenteront pendant la reprise économique.
La mise en place immédiate de portefeuilles de programmes renforcera et élargira les chaînes d’approvisionnement capables de mettre en œuvre des projets d’investissement pour une « banque verte ».
Les investissements par le biais d’une « banque verte » se concentreront sur la réalisation de réductions de carbone à long terme, en plus de rendre les économies d’énergie bancables pour les investisseurs privés, tandis que les administrateurs du programme continueront à fournir des incitations pour offrir des avantages au niveau du système de services publics et des politiques provinciales.
Ces trois étapes indiquent que les activités d’efficacité énergétique doivent être soutenues dès maintenant, que des programmes d’efficacité sont disponibles et prêts à donner une impulsion rapide à l’emploi et à la demande globale, et que la construction d’une économie plus efficace sur le plan énergétique peut définir une trajectoire à long terme pour les investissements et l’innovation nécessaires à une reprise durable et significative.
Si vous voulez voir une économie de l’efficacité énergétique dans le monde post-COVID, il est temps de le dire à votre représentant élu. Nous avons créé un outil facile à utiliser pour que vous puissiez envoyer une lettre à votre représentant en quelques clics seulement. Si nous donnons de la voix ensemble, nous avons la possibilité de sortir renforcés de cette expérience.